Dates
Du 24 au 29 juin 2025
Du mardi au samedi à 19h
Le dimanche à 15h
Pas de concert le 26 juin
DURÉE
1h30
TARIFS
À partir de 20 €
CONCERT
Causerie
Pour un rendez-vous très particulier Diane Dufresne invite le public à venir la rencontrer en toute intimité. C’est une soirée inédite qu’on ne saurait manquer avec l’artiste multidisciplinaire dont le parcours a marqué le monde du spectacle au niveau national et international.
Ce moment prendra la forme d’un événement-rencontre au cours duquel des prestations musicales en formule piano-voix partageront la soirée avec des moments d’échange entre l’artiste et le public portant notamment sur sa carrière et son cheminement tout en abordant des thèmes qui lui sont chers. C’est le talentueux pianiste Olivier Godin qui accompagnera Mme Dufresne lors de cette soirée unique.
DISTRIBUTION
Avec Diane Dufresne
PRODUCTION
AUTOUR DU SPECTACLE
Diane Dufresne
Diane Dufresne naît en 1972 à l’âge de 28 ans. C’est un bel âge pour se mettre au monde : on est déjà assez vieux pour savoir ce que l’on veut et assez sage pour deviner qu’il faut maintenant rattraper le temps perdu. Parce qu’avant de s’inventer sur Tiens-toé ben, j’arrive, Diane se laisse mourir à petits feux en se conformant au rôle qu’on voudrait bien lui voir jouer, celui de la chanteuse straight.
En 1970 et 1971, François Cousineau lui fait enregistrer les chansons thèmes de L’Initiation, L’Amour humain, Sept fois par jour et Le Diable est parmi nous (sorti en 1972), les grands classiques du soft porn québécois. Ironiquement, et les textes et l’interprétation de la chanteuse s’avèrent d’une pudeur affectée. La voix est doucereuse, méconnaissable. On est à des années-lumière de la sexualité franche et épanouie de J’me sens ben ou de l’érotisme sado-masochiste de Rock pour un gars d’bicyc’, gravés deux ans plus tard.
On comprend alors toute l’urgence et la violence qui habiteront le premier album de Diane Dufresne; celui dont elle accouche après sa rencontre fatidique avec Plamondon. Ce n’est pas un hasard si la première chanson de la face A s’intitule Rond-point. Dufresne y expose sa volonté de changement comme elle le fait 20 ans plus tard dans J’écris c’qui m’chante sur Détournement majeur.
Le titre même de son nouvel album s’affiche d’ailleurs comme un renvoi direct à ce premier rond-point qui l’a vu naître à renfort de vocalises et de cris primaux. On ne songe plus au courage qu’il a fallu à Diane Dufresne pour se défaire de son image préhistorique (certains diront pré-hystérique), mais quand on écoute sa voix sur Tiens-toé ben, j’arrive, c’est le vertige de Kamikaze (écrit 20 ans plus tard) que l’on entend, celui que la chanteuse n’a pu que ressentir à la veille de s’afficher pleinement comme la première rockeuse : « J’ai le coeur gros comme un building/Quand je r’monte sur le ring/Comme une kamikaaaaaaaaaaze ».
Bien avant Madonna
S’il est une facette du discours dufresnesque qui demeure impensable sans la contribution directe de la chanteuse, c’est bien son indomptable propension à jouer les dominatrix.
Diane a beau feindre l’extase quand elle râle » J’veux qu’y m’passe sus l’corps avec son bicyc « , c’est elle qui enfourche la moto quand elle interprète live les paroles de Plamondon (Sur mon 36, Forum 1980/Goodbye Rocky dans Halloween, Forum 1982). Avant même qu’il soit politiquement correct pour une femme d’afficher la violence de son énergie sexuelle, Diane Dufresne la célébrait avec toute l’insolence qu’on lui connaît.
DD chasseresse, squaw, strip-teaseuse, cartoon, sorcière, lionne, délinquante, Elsie saisie par le démon (Top secret, 1987) ; autant de personnages » revêtus » par la chanteuse pour se faire la prêtresse de nos fantasmes. Il y a quelque temps, les médias et le jeune public criaient à l’exploit parce que Madonna simulait la masturbation en spectacle.
Faut-il rappeler que Dufresne a déjà fait l’amour à Dieu sur une des scènes de la Place des Arts, orgasme inclus (Sans entr’acte, 1977) ? Comme s’il était lui-même sensible à cette ironie, Pierre Flynn a composé pour Détournement majeur un pastiche de Justify My Love, devenu Addict sous la plume de Dufresne.
Plus subtile et ludique que certains des mélodrames érotiques de Plamondon, la chanson confond la luxure aux plaisirs du tabagisme : » J’te veux, j’te prends, j’te désire/Et je t’écrase de plaisir/J’te mordille pour être tendre/Iras-tu jusqu’à mon ventre « .
Marque des vrais rockers, Dufresne ne peut s’empêcher de chanter avec ses hormones même quand elle s’éloigne de son répertoire proprement sexuel.
C’est toujours la dominatrix qui s’époumone sur La Fureur du cash ou qui s’en prend aux journalistes dans Les Scélérats. Évolution plutôt que scission, ce dernier règlement de comptes avec la presse se fait l’écho des lointaines Actualités (1975) de Plamondon et la compagne moins timide du texte de Pierre Grosz, Vous aurez de mes nouvelles par les journaux (1986).
Ce qui diffère cependant c’est que la musique est déjà superbe – l’étonnante Marie Bernard a composé, arrangé et réalisé un album qui possède toute la richesse et l’invention des versions live des compositions dufresnesques – et que le phrasé imaginé par Diane coule, glisse et s’entrechoque sur sa langue en une tirade d’insultes qui n’a jamais été aussi fielleuse: » T’es le magnat de la bisbille/L’escogriffe qui sort son suif/L’oeuvre est au noir dans tes cahiers » et plus loin, » T’es la tache d’encre de l’écriture/Ton amertume sort de ta plume/C’est sûrement pour ça/Qu’à lire le journal/On a les mains sales « . Et Diane de faire claquer son fouet.
Une tragédienne aux anges
Dans un tout autre registre, Diane Dufresne s’est aussi constitué un persona de grande tragédienne. Le personnage naît avec son exécution écorchée et suicidaire de L’Opéra Cirque (1973) – rappelez-vous Comme des chiens et La marche nuptiale des condamnés à mort – et prend de l’assurance avec l’expérience de Starmania où elle joue la sex-symbol sur son déclin.
Diane reprend le rôle pour Hollywood (1982) au Forum – spectacle hommage au glamour parfois dangereux du septième art – et le magnifie pour les besoins de Magie rose (1984), dans un Stade olympique où elle s’offre en sacrifice. La tragédienne revient plus tard, sur le mode du pastiche, dans Follement vôtre (1985), et complètement transfigurée dans Symphonique N’Roll (1988) pour lequel elle interprète Verdi et Mahler; l’opéra constituant le véhicule ultime de la diva.
Au coeur de la trajectoire, une pièce maîtresse : Le parc Belmont (1979). Dufresne l’adaptera de mille et une façons pour en faire ressortir toutes les nuances. Elle hante l’oeuvre clé de Plamondon et Christian St-Roch vêtue d’une crinoline trop grande pour elle qu’elle transforme en coeur battant (J’me mets sur mon 36) ; en élégante bourgeoise du 19e siècle démolissant la chaise qu’elle enfourche (Hollywood) ; comme la ballerine brisée d’une boîte à bijoux (Magie rose) ; en version baroque et féminine du Masque de la mort rouge au TNM (Top secret) ; et finalement, en prisonnière d’une robe symphonique devenant folle au son d’un boléro désaccordé (Symphonique N’Roll).
Jamais la disparité entre la version studio et les versions scéniques ne s’est fait autant remarquer. Dufresne a refaçonné Le parc Belmont jusqu’à la faire sienne, totalement.
Et jusqu’à vouloir l’épuiser pour s’en exorciser. Je serais d’ailleurs très surprise de l’entendre à nouveau par la bouche de sa maîtresse.
Il faut savoir que sur Détournement majeur, la tragédienne s’est découvert d’autres cauchemars à explorer et de nouvelles blessures à panser.
En l’occurrence, la solitude et la vieillesse – émouvante Cendrillon au coton qu’accompagne Louis Lortie au piano – et les horreurs surréalistes de New York Requiem, une pièce magistrale inspirée d’un fait divers.
Comme transportée hors d’elle-même par un étrange effet de synchronisme jungien (avec les grands esprits de Manhattan), Dufresne a commis une fresque fragmentée et impressionniste qui ne va pas sans rappeler l’écriture à la fois lyrique et moderniste de Stephen Sondheim (auteur de chansons de plusieurs comédies musicales, dont West Side Story), celle déployée dans son chef-d’oeuvre Sunday in the Park with George (1984).
À la beauté du parc décrit par l’Américain, la Québécoise oppose une vision sortie tout droit de l’enfer.
Diane Dufresne n’a sans doute jamais vu ou entendu Sunday in the Park with George, mais le dialogue presque mystique entre son requiem et le musical de Sondheim (il faut entendre, dans les deux pièces, l’utilisation des choeurs) n’est sans doute pas chose à surprendre celle qui parle aux anges. L’art et la musique ont de ces résonances… Comme Diane le dit elle-même sur Détournement majeur: » Que fait la musique aux changements cosmiques des couleurs » ?
Elle sort en 2008 son tout nouvel album « Effusions », avec une tournée piano-voix dont une série de concerts aux Bouffes du Nord au cours de l’hiver 2008/2009.
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